BIOLOGIE - L'être vivant
Article
Edité par Encyclopædia Universalis - 2009
Le terme « biologie » (β́ιος, vie, et λ́ογος, science) désigne la science qui étudie la vie. Il est utilisé, pour la première fois, par l'Allemand G. R. Treviranus (1802), dans Biologie oder Philosophie der lebenden Natur (Biologie ou Philosophie de la Nature vivante), ouvrage en six tomes publié à Göttingen. Pour lui, la biologie envisagera « les différents phénomènes et formes de la vie, les conditions et les lois qui régissent son existence et les causes qui déterminent son activité ». Treviranus ne réalisa pas son œuvre de synthèse et écrivit plutôt un inventaire faunistique et floristique.En cette même année 1802, le mot « biologie » figure dans l'Hydrogéologie de J.-B. Lamarck ; la physique terrestre comporte trois parties : « La première doit comprendre la théorie de l'atmosphère, la météorologie, la deuxième, celle de la croûte externe du globe, l'hydrogéologie ; la troisième enfin, celle des corps vivants, la biologie. » Son cours de 1812 a pour titre Biologie, ou Considérations sur la nature, les facultés, les développements et l'origine des corps vivants. Un manuscrit inédit, que P. P. Grassé a signalé, précise que : « C'est à ces corps singuliers et vraiment admirables qu'on a donné le nom de corps vivants... Ils offrent en effet, en eux et dans les phénomènes divers qu'ils présentent, les matériaux d'une science particulière qui n'est pas encore fondée, qui n'a pas même de nom, dont j'ai proposé quelques bases dans la Philosophie zoologique et que je nommerai biologie. » Lamarck, à cette époque, ignorait le néologisme créé par Treviranus. C'est pourquoi le terme de biologie est considéré comme ayant été créé à la même époque par un Français, le zoologiste Lamarck, et par un Allemand, le naturaliste Treviranus.Les êtres vivants sont extrêmement abondants ; à plus de 350 000 espèces végétales s'ajoutent plus d'un million d'espèces animales. Le champ de la biologie, science de la vie, est donc particulièrement vaste ; il englobe toutes les sciences consacrées à l'être vivant, y compris l'Homme bien entendu : description des formes externes et internes (morphologie, anatomie), leur développement (embryologie), analyse des fonctions (physiologie) et des comportements (psychologie), établissement des classifications évolutives (botanique, zoologie, anthropologie), examen des sociétés, leur rapport avec les milieux, leurs rapports entre elles (écologie, éthologie, sociologie).À cette conception fort large peut s'opposer une conception beaucoup plus restreinte ; la biologie envisage le comportement des êtres vivants soit isolés, soit en rapport avec les milieux fréquentés ; on se préoccupe alors de la biologie des Insectes ou de celle des plantes xérophytiques ; il s'agit donc d'éthologie ou d'écologie.Ces deux conceptions ne sont pas excellentes ; la première est trop éloignée du sens primitif du terme de biologie ; la deuxième, grandement utilisée, gagne à être remplacée par les termes plus précis d'éthologie ou d'écologie.Une troisième conception dénommée biologie générale a été définie, par Yves Delage, comme « la recherche des conditions et des causes des grandes manifestations de la VIe dans la cellule, dans l'individu et dans l'espèce ». La biologie générale traite donc des phénomènes vitaux communs aux plantes et aux animaux. Elle étudie la matière vivante, son origine, sa structure et ses propriétés ; elle s'attache à expliquer les phénomènes fondamentaux qui président à la vie, la formation de l'être vivant, sa reproduction, la naissance des espèces, leur distribution et leur évolution. La biologie générale comportera alors les disciplines suivantes : biologie cellulaire, embryologie, reproduction, hérédité, évolution.Depuis sa naissance, la recherche biologique a présenté périodiquement des changements profonds solidaires d'orientations nouvelles, elles-mêmes plus ou moins liées aux résultats déjà obtenus, d'où la succession de plusieurs grandes étapes dans l'histoire de la biologie. La première, qui s'étend jusqu'au milieu du XIXesiècle, s'intéresse particulièrement à l'inventaire des organismes vivants, à la description de leur forme et de leur structure. À cette œuvre participent botanistes et zoologistes. Elle sera suivie à partir de la seconde moitié du XIXesiècle par l'étude des fonctions du vivant. Le grand essor de la physiologie, sous l'impulsion de Claude Bernard, mettra en évidence les lois communes régissant le fonctionnement des organismes vivants. C'est aussi l'époque des grandes tentatives d'explication : théorie cellulaire, théorie de l'évolution. Des sciences nouvelles naîtront : la génétique, ou science de l'hérédité (Mendel), la microbiologie (Pasteur).Au début du XXe siècle, les recherches biologiques progressent grandement dans tous les domaines ; des interactions lieront des disciplines longtemps indépendantes. Notamment, l'étude des ultrastructures devait progresser rapidement grâce aux instruments d'analyse puissants (microscopie électronique, ultracentrifugation, ultrafiltration, électrophorèse) permettant la découverte des structures des molécules organiques (protéines, acides nucléiques) et aboutissant, lors des années 1950-1960, à la mise en évidence du rôle essentiel de l'ADN (acide désoxyribonucléique), support de l'information transmise de génération en génération, et provoquant une révolution dans le domaine biologique. La biologie moléculaire était née ; elle avait à ses débuts, comme matériau de choix, la bactérie ; rapidement elle travailla sur tous les organismes vivants, y compris l'homme. Cette nouvelle discipline tente de montrer que la structure des molécules composant l'organisme conditionne son fonctionnement. Elle a renouvelé les conceptions sur les mécanismes génétiques, cellulaires, embryologiques. Elle assure une compréhension plus rigoureuse des processus vitaux, qui s'affine encore grâce aux techniques des télécommunications et des ordinateurs.À la suite des appels angoissés de quelques authentiques défenseurs de la Nature, des biologistes sont revenus à l'écologie, à la vraie écologie, c'est-à-dire à l'analyse des rapports du vivant avec son milieu. Il est essentiel de connaître les exigences des espèces car il est dangereux de perturber les équilibres naturels ; les conséquences d'une modification apparemment sans importance sont imprévisibles. À l'aide des techniques et des appareils modernes, on reprend l'étude des écosystèmes terrestres, forestiers, lacustres, marins.Le domaine biologique, fort diversifié, est en liaison, d'une part, avec les sciences physicochimiques (origine de la vie) et, d'autre part, avec les sciences humaines (pensée et conscience).