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AL MUTANABBĪ - (915-965)
Article
Edité par Encyclopædia Universalis - 2009
On peut dire de la poésie arabe classique qu'elle a cessé d'évoluer dès le iiie siècle de l'hégire (ixe siècle de l'ère chrétienne). Les grands monuments de la production archaïque, notamment les mu‘allaqāt ont imposé des normes qui seront, dans l'ensemble, respectées pendant plus d'un millénaire. Recensés, mis par écrit et souvent retouchés par les érudits du iie siècle, ils sont le fondement d'une poétique qui caractérise fortement la culture arabe. Les œuvres de grands créateurs du iie siècle tels que Baššār b. Burd, al-‘Abbās b. al-Aḥnaf, Abū Nuwās ouvrent à la création des voies nouvelles. Ils adoptent un langage et une écriture propres à traduire le lyrisme d'une sensibilité moderne. Leur tentative n'échoue pas : elle ne trouve pas de successeurs qui tirent les leçons de leur expérience. Leurs audaces et leur originalité vont se diluer dans les formes de poésie légère, élégante et raffinée, mais sans génie ni vigueur, que pratiquent d'aimables paroliers de salon.Par contre, la poésie d'apparat, composée de panégyriques, de thrènes, de satires, etc., fait définitivement triompher un art classique mis au point par des hommes comme Abū Tammām, al-Buḥturī ou Ibn ar-Rūmī. Au IVe siècle, al-Mutanabbī recueille leur héritage et les rejoint dans la gloire. Sa personnalité, son réel talent, sa maîtrise souveraine de la langue ont fait qu'il a toujours été considéré comme l'un des plus grands poètes des lettres arabes et très certainement comme le plus majestueux d'entre eux.