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PÉRICLÈS (env. 495-429 av. J.-C.)
Article
Edité par Encyclopædia Universalis - 2009
Pendant des décennies, Périclès a été le maître incontesté d'Athènes, par la volonté du peuple qui l'élisait chaque année parmi les dix stratèges. Comme Thucydide l'a dit avec force (II, lxv) : « En apparence c'était la démocratie, en réalité le gouvernement d'un seul. » Mais cette situation ne s'explique pas par son seul génie : il a profité d'un équilibre social, au reste renforcé par ses mesures hardies, qui rendait solidaires les paysans de l'Attique, les artisans et les commerçants d'Athènes et les marins du Pirée, solidaires aussi les citoyens et les métèques, enrichis par la prodigieuse expansion économique d'Athènes.Il a mérité de donner son nom à tout un siècle, celui de la grandeur d'Athènes, devenue grâce à lui l'« école de la Grèce » (Thucydide, II, xli), mérité aussi d'être rangé par Aristote (Éthique à Nicomaque, VI, 5, 1140 b 7) parmi les hommes d'État sages (phronimoi), c'est-à-dire ceux qui modèlent leur politique sur un idéal raisonné.Périclès entre dans la VIe publique alors que pâlit l'étoile de l'aristocrate Cimon et que se développe un vif mouvement démocratique, conséquence tardive des guerres médiques où Athènes n'avait pu remporter sa paradoxale victoire que par les sacrifices du démos tout entier. Vite investi de la confiance du peuple, il est réélu stratège pendant quinze années successives. C'est donc dans le cadre de la constitution clisthénienne, sans occuper de magistrature exceptionnelle, qu'il dirige en fait une cité sensible au prestige de son génie et qui fait sienne la politique à la fois pragmatique et idéaliste qu'il lui propose.