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INDE (Le territoire et les hommes) - Géographie
Article
Edité par Encyclopædia Universalis - 2023
L'Union indienne s'étend sur un vaste territoire d'environ 3 287 263 kilomètres carrés et rassemble près de 1,2 milliard d'habitants en 2013. Cet espace, grand comme six fois la France et abritant près d'un sixième de la population mondiale, appartient à l'Asie des hautes densités dont il résume les caractéristiques essentielles. Alors que les massifs montagneux, tout particulièrement la chaîne himalayenne au nord, sont presque vides d'habitants, d'immenses plaines et de vastes deltas sont occupés par des populations rurales nombreuses dont la densité atteint parfois 800, voire 1 000 habitants par kilomètre carré. Les hautes densités indiennes semblent liées à un ensemble complexe de facteurs interdépendants, mis en place au milieu du premier millénaire avant J.-C. : riziculture irriguée et États forts pourraient expliquer le poids démographique de l'Inde à l'échelle mondiale. La présence de la chaîne de montagne la plus élevée au monde explique la puissance des fleuves au nord et joue aussi un rôle dans l'organisation des vents de mousson qui provoquent de fortes précipitations sur une large part du territoire. Les territoires aux campagnes les plus peuplées concentrent le plus grand nombre de villes. Ces populations connaissent des taux de croissance inégaux qui reflètent le niveau de développement.Les différenciations territoriales sont fortes, fondées sur des facteurs très anciens ainsi que sur les héritages coloniaux. Elles se réorganisent et s'accentuent depuis le début des années 1980 du fait de la rapide croissance économique dans laquelle l'Inde est engagée, qui apparaît largement liée à l'intégration du pays au sein des réseaux de la mondialisation. Cette dynamique économique entraîne une concentration de richesses dans certains lieux, certains territoires, conduisant à l'épanouissement de vastes couches moyennes qui constituent à peu près le tiers de la population, laissant par ailleurs une vaste masse de population, représentant peut-être 20 p. 100 des Indiens, dans un état de grande pauvreté. Cette croissance, qui permet désormais de classer l'Inde parmi les pays émergents, en compétition avec la Chine, est abordée dans l'article relatif à l'économie. Il s'agit ici de concentrer l'analyse sur l'organisation territoriale du pays et de présenter l'évolution de cette dernière.La variété du milieu physique, la différenciation des rythmes de la mousson et les aptitudes agricoles des différents milieux, ainsi que l'organisation ancienne des pouvoirs politiques en royaumes et empires fluctuants, ont guidé la mise en place du peuplement, expliquant largement les différences de densité de population, mais aussi la diversité des langues. Les divisions les plus marquées du territoire trouvent toutefois leurs origines dans les modalités de l'exploitation coloniale qui conduit à mettre en avant les trois grands ports créés par les Britanniques, Calcutta, Bombay et Madras, et à les lier avec de vastes arrière-pays, structurés par des villes secondaires reliées par le chemin de fer. À partir de l'indépendance, acquise en 1947, Delhi, ancienne capitale de l'Empire moghol, établie comme capitale du pouvoir britannique dans la première moitié du siècle, apparaît comme le centre d'une nouvelle région économique, incluant les campagnes riches et les villes industrielles du Pendjab et de l'Haryana.La remise en cause du contrôle étatique de l'économie par des réformes libérales à partir du milieu de la décennie 1980, accentuée après 2000, modifie cette organisation territoriale. La nouvelle politique économique entraîne le renforcement des liens entre les principales métropoles et régions économiques à l'échelle du pays, tout en accentuant les différenciations régionales. Un vaste territoire, unissant les deux plus puissantes régions économiques indiennes, celles de Mumbai (Bombay) et de Delhi, émerge au nord-ouest. Le sud se développe rapidement autour de métropoles en extension comme Chennai (Madras) et Bangalore, mais aussi de villes de moindre importance qui connaissent une forte croissance industrielle ou accompagnent le dynamisme de petites régions agricoles. De très grandes métropoles, comme Kolkata (Calcutta), Hyderabad, Kampur et bien d'autres, marquent leur région par un dynamisme retrouvé. Les espaces montagnards et les régions centrales se trouvent marginalisés dans ce processus de développement. Plus unifié, mais aussi plus différencié, le territoire indien, en ce début du xxie siècle, est aussi davantage intégré aux réseaux économiques mondiaux, qui amènent une large part des villes et campagnes indiennes à voir leurs activités liées à celles des grands centres économiques mondiaux.