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ANXIÉTÉ
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Edité par Encyclopædia Universalis - 2017
C'est seulement au cours de la seconde moitié du XIXesiècle que le concept d'anxiété apparaît dans le domaine de la pathologie. Jusqu'alors, les peurs irraisonnées étaient considérées comme une expression, parmi d'autres, des passions tristes ou d'une erreur de jugement proche du délire. Morel, psychiatre parisien, décrit en 1866 le « délire émotif », qu'il attribue à un désordre du système nerveux végétatif et qui s'applique à l'ensemble des troubles anxieux et dépressifs. Peu après se développe le concept de « neurasthénie » qui, à partir d'une explication par un état d'épuisement du système nerveux, inclut un ensemble de manifestations d'inquiétude psychique et de sensations corporelles diverses.C'est à Freud que l'on doit la description princeps de la névrose d'angoisse. En 1895, il écrit un article au titre éloquent : « Qu'il est justifié de séparer de la neurasthénie un certain complexe symptomatique sous le nom de « névrose d'angoisse ». » Il donne une description succincte mais précise des différentes manifestations de l'anxiété : l'inquiétude chronique, l'attaque d'angoisse, les équivalents physiques, les peurs illégitimes et sélectives que l'on appelle phobies, et les obsessions.Tant pour la description des symptômes que pour la classification des troubles, la contribution de Freud demeure, jusqu'à ce jour, indiscutée. Une des plus récentes des classifications psychiatriques, celle de l'Association américaine de psychiatrie (D.S.M. III), range l'anxiété généralisée, le trouble panique (l'attaque d'angoisse), les troubles phobiques et obsessionnels dans le cadre des troubles anxieux.À côté de cette entité spécifique dans laquelle le symptôme anxiété est au cœur des troubles, on notera la présence d'une anxiété, au titre de symptôme accessoire, dans un très grand nombre d'autres altérations de l'état mental (états dépressifs, psychoses aiguës, états schizophréniques, etc.).L'anxiété, qu'elle soit primaire ou secondaire, isolée ou associée à des dispositifs de fuite (phobie) ou de lutte (obsessions), présente des caractères identiques. On la définit comme une peur sans objet. Il est vrai que rien ne ressemble plus à l'attente anxieuse ou à l'accès d'angoisse aigu que l'appréhension d'un danger à venir. On distingue habituellement anxiété psychique et anxiété physique (« boule » dans la gorge, palpitations, accélération de la respiration, mictions urinaires fréquentes, diarrhée, pâleur, dérobement des jambes).