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CORRÈGE (1489 env.-1534)
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Edité par Encyclopædia Universalis - 2009
Hautement apprécié de son vivant, l'Émilien Corrège mérite les éloges de l'historiographe toscan Giorgio Vasari, qui le place dans la succession immédiate de Léonard et de Giorgione. L'évolution fulgurante de son œuvre servit de modèle aux maniéristes émiliens ; ses figures « sans pesanteur » seront reprises par Primatice. Tous les grands coloristes des XVIIe et XVIIIe siècles « fréquentent son école » figurative – les Carrache aussi bien que Coypel, qui s'en inspire pour ses projets de coupoles. Mengs, dans ses Réflexions de 1782, dira de l'œuvre de Corrège qu'elle « a réalisé la plus parfaite dégradation de la couleur et a exprimé les formes les plus délicates et presque insensibles ».Figure isolée, Corrège nous fournit, dans une œuvre mystérieusement sensuelle, une des meilleures démonstrations de l'indigence de la « perspective historique » dont l'évolutionnisme trop mathématique ne saurait rendre compte des artistes « en marge ». Le chemin très personnel parcouru en quinze ans seulement par Corrège nourrira deux siècles de peinture européenne. Son élève, Parmesan, en essayant d'institutionnaliser l'élégance indicible des coloris de Corrège, a démontré son impuissance à matérialiser en formules académiques un « moment poétique » qui reste le secret de cet « épicurien d'un art tout en nuages d'une atmosphère vibrante, pleine de parfums et de sourires » (Venturi).