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ISLAM (La civilisation islamique) - La philosophie
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Edité par Encyclopædia Universalis - 2009
Vers la fin du iie siècle de l'hégire, le champ théorique est entièrement occupé par, notamment, une théologie où l'on débat de l'unité de Dieu, de ses attributs, du sens qu'il faut donner aux noms et aux descriptions qui en sont attestés par le Coran, de la liberté humaine, de la foi, du péché et du salut, du pouvoir et de sa légitimité, et même de la nature des corps. En somme, une théologie, une morale et une physique, pour reprendre une nomenclature usuelle en philosophie.Quel espace reste-t-il à cette dernière ? Elle va pourtant s'y faire une place, non sans paradoxe puisqu'elle est importée dans la société islamique, venue d'un monde étranger et païen – ce qui explique que cette place lui sera toujours contestée. Pour imaginer cette situation, on peut se représenter par contraste celle de la spéculation chrétienne à ses débuts, née et formée en relation avec des écoles philosophiques actives et installées dans le contexte social, politique et spirituel de l'Empire romain.De ce fait, la théologie chrétienne a eu d'emblée une tonalité philosophique, fût-elle polémique. Inversement, le problème originel de la philosophie en islam a été de se situer par rapport à la Révélation en termes peut-on dire de périhélie et d'aphélie : autrement dit, d'être marquée du caractère de la croyance ou de celui de l'infidélité.