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RITUEL
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Edité par Encyclopædia Universalis - 2009
Pour définir la notion de rituel, l'anthropologie sociale éprouve une difficulté qui tient au moins à deux raisons. D'une part, cette notion est associée à d'autres, dont l'usage est fluctuant, notamment celles de cérémonie, de coutume, d'étiquette, de rite, de ritualisation, d'autant plus qu'on les rencontre ailleurs qu'en ethnologie, par exemple en éthologie ou dans les sciences religieuses. D'autre part, depuis les origines de leur discipline, de nombreux anthropologues ont élaboré, pour cette notion, des définitions et fixé des emplois qui sont loin d'être homogènes. Ils ont aussi proposé des explications très diverses du phénomène rituel selon des critères considérés comme déterminants, dont les plus importants sont : le lien nécessaire ou non du rituel avec les domaines du sacré, du fait religieux et des pratiques de la magie ; la prééminence ou non des croyances et des mythes (des représentations) par rapport au rituel ; le contraste éventuel entre celui-ci et les activités techniques, « profanes », ou le champ de la rationalité, tous ces domaines donnant lieu à des définitions qui sont elles-mêmes problématiques.Les théories présentent une semblable hétérogénéité. Tantôt le rituel a été analysé en fonction de la récurrence de ses structures formelles dans les sociétés, comme l'ont fait J. G. Frazer et A. Van Gennep, lequel a construit avec les « rites de passage » un concept universalisable sur la base d'analogies formelles ; tantôt l'accent a été mis sur les fonctions du rituel (« pourquoi », « à quoi ça sert » plus que « comment »). Schématiquement, on a souligné soit la dimension individuelle, soit la dimension collective, et, plus ou moins corrélativement, soit les processus psychologiques, soit les processus sociologiques, ou encore soit les mécanismes cognitifs et émotionnels, soit les interactions sociales qui sont impliqués dans le rituel. Sous l'influence de la théorie de l'information et de la linguistique, le rituel est aujourd'hui envisagé principalement comme fait de communication. Deux grandes tendances s'affrontent alors : les uns considèrent qu'avant tout l'action rituelle « dit quelque chose » (elle a une fonction expressive, symbolique, productrice de signification) ; les autres estiment qu'elle « fait quelque chose » (sa fonction est « instrumentale », « pragmatique », situationnelle). En fait, les études monographiques adoptent rarement une position nettement tranchée ; et, le plus souvent, elles prennent en compte les approches les plus diverses, mais selon des dosages variables.