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SADISME ET MASOCHISME
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Edité par Encyclopædia Universalis - 2017
« Le désir de faire souffrir l'objet sexuel – ou le sentiment opposé, le désir de se faire souffrir soi-même – est la forme de perversion la plus fréquente et la plus importante de toutes. » Par cette phrase, apparue tôt dans son œuvre (1905), Freud attirait l'attention sur un ensemble de comportements érotiques d'une importance considérable tant pour l'étiologie et la thérapeutique des névroses que pour la compréhension de l'organisation de la personne humaine.On appelle sadisme, du nom de l'écrivain qui dans son œuvre y fit une part si grande, toute pratique visant à infliger à un partenaire (sexuel) une douleur et/ou une humiliation. Le masochiste, du nom de Sacher-Masoch, peut être défini inversement par la recherche auprès d'un partenaire (sexuel) de la douleur et/ou de l'humiliation. Dans leur apparente clarté, ces deux définitions symétriques ne laissent pas de poser de nombreux problèmes. Celui de leur symétrie, d'ailleurs, et pour commencer. Mais aussi les questions suivantes : Le partenaire (l'objet) est-il bien un partenaire sexuel ? La relation du sujet et de l'objet est-elle une relation érotique ? Le comportement mis en jeu se déroulera-t-il sur le plan du fantasme ou sur celui de la réalité ? Sadisme et masochisme sont-ils bien des perversions ? La douleur dont il est question est-elle physique ou morale, ou bien l'une et l'autre ? Quel est le mode de liaison qui unit la notion de douleur et celle d'humiliation ?On tentera d'apporter des éléments de réponse à ces questions par une brève description des formes cliniques du sadisme et du masochisme, avant de poser plus généralement l'essentiel des problèmes théoriques, notamment sous l'angle psychanalytique, pour esquisser enfin une approche de la question du point de vue de l'esthétique.