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FRANS EEMIL SILLANPÄÄ (1888-1964)
Article
Edité par Encyclopædia Universalis - 2009
Trois passions dominantes auront gouverné le seul Finlandais qui ait reçu le prix Nobel de littérature. L'une tient à sa terre natale et, de ce fait, ne le distingue guère de ses compatriotes écrivains : le personnage principal de ses romans, c'est la nature finlandaise, ses lacs innombrables et mélancoliques, ses forêts millénaires que hantent l'élan et tout un peuple ailé, son ciel infini aux tons de pastel dont l'insondable douceur se retrouve dans le regard des habitants ; l'existence s'y déroule, toujours semblable depuis les origines, dirait-on, au rythme invincible et lent des saisons, des amours et des retours à l'Un primitif. La seconde appartient à son temps : comme Maeterlinck qu'il admirait et dont il a traduit Le Bonheur des humbles, il fut extrêmement sensible aux prolongements mystérieux et symboliques de l'événement, aux résonnances quasi occultes de la réalité ; comme Bergson, qui exerça une forte influence sur son développement, il traque l'inconscient derrière nos errements quotidiens et s'attache à retrouver sous le palimpseste de la nature le grand texte fondamental que reflète chaque destinée individuelle. Mais la troisième, qui l'apparente au Norvégien Knut Hamsun (celui des Fruits de la terre surtout) et appelle la comparaison immédiate avec le premier Giono, est plus personnelle : c'est un amour intense de la VIe au sein de la nature, un refus d'en distinguer les aspects réputés intellectuels des manifestations instinctives, un grand élan tellurique et cosmique. Comme si toute sa vie, toute son œuvre n'avaient eu pour seul but, selon le titre d'un de ses recueils de nouvelles, que de ramener l'homme Près du sol (Maan tasalta, 1924).
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