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TOTEM ET TOTÉMISME
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Edité par Encyclopædia Universalis - 2009
Le mot « totem » provient de la langue ojibwa, une des langues algonquines de l'Amérique du Nord, où il précise une relation de parenté entre germains et désigne, plus généralement, le clan ou groupe exogame. Pour les Ojibwa, en effet, il existe une relation métaphorique entre chacun des clans patrilinéaires et patrilocaux et un animal totémique. Mais, en plus de cette relation entre un groupe de parenté et un animal, les Ojibwa connaissent des esprits gardiens individuels, un animal devenant le protecteur attitré de telle personne. Il convient donc de distinguer entre la relation collective et la relation individuelle, comme entre deux systèmes ordonnés différemment. De tels faits ethnographiques amènent Lévi-Strauss à reconnaître quatre façons d'associer deux séries, l'une naturelle, l'autre culturelle, et chacune selon deux modes d'existence individuel ou collectif. On peut ainsi discerner quatre combinaisons possibles, toutes attestées dans la littérature : le totémisme « social » australien suppose une relation entre une espèce naturelle et un groupe de parenté ; dans le totémisme individuel des Indiens d'Amérique du Nord, chaque individu cherche les faveurs surnaturelles d'une espèce animale ; la troisième possibilité instaure une relation entre un individu animal ou végétal et une personne particulière, comme aux îles Banks ; enfin, la dernière combinaison possible entre un animal particulier, porteur d'un nom propre, et un groupe social de parenté est fréquente en Polynésie et en Mélanésie ; on trouve ainsi des requins, des crocodiles, des lézards et des serpents gardiens de la sécurité et de la prospérité de telle ou telle communauté humaine. De ces quatre formes de totémisme, les deux premières surtout ont été reconnues pour « totémiques », les deux dernières beaucoup plus rarement, bien qu'elles relèvent du même problème.
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