PALÉOANTHROPOLOGIE ou PALÉONTOLOGIE HUMAINE

Article

Herbert THOMAS

Source : Universalis Edu - 2017

Dès la plus haute antiquité, l'humanité s'est penchée sur ses origines, comme en témoignent les mythologies antiques, de l'Égypte à la Grèce, ou encore le monument mégalithique de Stonehenge (Wiltshire, Angleterre) édifié il y a près de 5 000 ans : tous ont tenté de tresser, entre les dieux et les hommes ou le ciel et la terre, un fil ininterrompu. La Bible elle-même, avec la Genèse, racontera la naissance de l'homme et, à partir de Noé dressera la « généalogie des nations ». Il était inévitable que l'homme, le seul organisme vivant sur terre ayant accédé à la conscience et à la liberté, s'interrogeât, après 3 millions d'années d'histoire, sur son origine, sa place dans la nature et son éventuelle raison d'être dans l'Univers.Avant la découverte des premiers restes d'hommes fossiles, au début du xixe siècle, le lent cheminement des idées sur l'origine de l'homme suivait un cours capricieux et chaotique. Évoquées avec prudence par les libres penseurs, les naturalistes, les philosophes et les érudits, les conceptions novatrices qui s'opposent à la tradition biblique, demeurent purement spéculatives. Malgré une indéniable circulation des idées, les nombreuses observations des savants et naturalistes (celles de Michel Mercati et Buffon, d'Isaac de La Peyrère et de bien d'autres), n'ont manifestement pas été reliées entre elles. D'une certaine manière, aux xviie et xviiie siècles, toutes les choses importantes semblaient avoir déjà été dites, sans avoir, pour autant, été démontrées.L'histoire de la paléoanthropologie ne débute réellement qu'au cours de la première moitié du xixe siècle, au moment où les idées en place vont peu à peu fusionner. La découverte des premiers restes d'hommes préhistoriques, dans les années 1820, mettra rapidement en jeu trois nouvelles conceptions : celle de l'histoire de la Terre, avec la notion de l'immensité des durées ; celle de la nature, avec l'avènement du transformisme s'opposant à la permanence des espèces et celle de la place de l'homme dans la nature, au voisinage immédiat des grands singes. La convergence de ces trois thèmes, qui connurent vers la fin du xixe siècle un formidable essor, constitue la trame même de l'histoire biologique de l'homme, dès lors indépendante du « sentiment de l'existence de quelque chose qui dépasse infiniment l'homme ». Ainsi, quelles que soient les préoccupations métaphysiques, l'homme est peu à peu perçu comme le produit d'une histoire.

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