TERRE ÂGE DE LA

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Pascal RICHET

Source : Universalis Edu - 2018

Que la Terre et même l'Univers aient un âge est de nos jours une évidence. Le fait que ces âges se comptent par milliards d'années est lui-même couramment connu : 4,55 pour la Terre et sans doute environ trois fois plus pour l'Univers, comme l'ont respectivement établi les géochimistes au milieu du xxe siècle et les cosmologistes dans les décennies suivantes. Or ces résultats furent l'aboutissement d'une très longue quête qui débuta dès l'Antiquité gréco-romaine et peut être découpée en quatre grandes périodes se recoupant partiellement. La première débuta vers le ve siècle avant notre ère avec les premiers philosophes grecs ; elle fut philosophique, en ayant eu pour trait saillant que, malgré leurs présupposés divergents, toutes les écoles antiques s'accordèrent sur l'idée que le monde – Terre incluse – n'avait pas été créé ex nihilo. Du début de notre ère jusqu'au xviiie siècle, la deuxième période fut théologique ; elle s'inscrivit en effet dans le cadre d'une création temporelle du monde telle qu'elle avait été révélée par le récit biblique de la Genèse, à partir duquel des âges de la Terre et du monde de quelques milliers d'années seulement furent déduits. Du début du xviiie siècle à la fin du xixe, la troisième période fut naturaliste ; elle se trouva marquée par de nouvelles manières d'observer la nature qui mirent peu à peu en cause ces très courtes échelles de temps, en n'ayant toutefois pu établir de chronologies que relatives. De véritables datations durent donc attendre le début de la dernière période, physique, pour voir le jour à la fin du xviiie siècle ; l'âge de la Terre passa alors de dizaines de milliers à des centaines de millions d'années avec la physique classique, et enfin à des milliards d'années au début du xxe siècle, quand la physique nucléaire vit le jour. En toile de fond de l'histoire de l'âge de la Terre se trouve ainsi une histoire générale des sciences, elle-même mâtinée de considérations philosophiques et théologiques puisque la question était bien sûr intimement liée au problème clé qui s'est toujours posé à l'homme, celui de l'origine du monde.

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