IMAGE ANIMÉE

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Laurent MANNONI

Source : Universalis Edu - 2018

Depuis les temps les plus reculés, l'être humain a toujours voulu recréer la vie en animant des images. Les peintures rupestres témoignent déjà de ce désir. À la lumière changeante des flambeaux, les lions enchevêtrés de la grotte Chauvet-Pont d'Arc ou les sangliers d'Altamira (Espagne) semblent bouger et parcourir l'espace. La République de Platon réactive ce besoin sur le plan symbolique, et lui donne une paradoxale actualité. Dans une caverne, des hommes immobiles, enchaînés, condamnés à vivre dans l'obscurité, voient les images des corps en mouvement projetées sur la paroi.À la Renaissance, les peintres mettent en pratique la perspective grâce à la camera obscura (chambre noire ou chambre optique) et au perspectographe de Dürer. Les tableaux éclatent alors en déplacements entremêlés, tels que dans les images successives de Léonard de Vinci ou la spectaculaire Bataille de San Romano de Paolo Uccello, comme pour répondre à l'attente de ce que le cinéma donnera bien plus tard au public : le déplacement d'un corps en mouvement dans le temps et dans l'espace.En 1588, le Napolitain Giambattista della Porta prétend faire apparaître, à l'intérieur de sa camera obscura perfectionnée, des « chasses à courre, des banquets, des armées d'ennemis, aussi nettement et clairement que s'ils étaient devant nos yeux ». Le Français Jean Leurechon, dans son livre Récréation mathématique publié en 1626, demande à voir dans la camera obscura le « mouvement continué » que les peintres, dit-il, sont incapables de représenter sur leurs tableaux. « Le mouvement continué » : une notion capitale pour ce qui va suivre.

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