HISTOIRE (notions de base)

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Philippe GRANAROLO

Source : Universalis Edu - 2019

Tandis que la physique étudie le monde sensible ou la chimie la transformation de la matière, l'histoire (mot issu d'un vocable grec signifiant « enquête ») étudie... l'histoire. La plupart des langues européennes désignent également par un même mot l'étude et l'objet de l'étude. Est-ce là une imperfection de nos langues ? De nombreux philosophes pensent le contraire : le lien entre l'étude du temps historique et l'objet de cette étude est si étroit que l'unicité du mot est sans doute bien fondée.On peut franchir un pas supplémentaire en observant que les hommes n'ont eu conscience du temps historique qu'à partir du moment où ils ont su écrire l'histoire de leur peuple, rapporter les grands événements qui ont marqué leurs contemporains, comme l'a fait le Grec Thucydide (ve siècle av. J.-C.) avec son Histoire de la guerre du Péloponnèse.Avant l'histoire écrite, l'ensemble des populations dites « archaïques » ont toutes fait l'expérience d'un temps cyclique. La question de la naissance de l'histoire en tant que discipline est donc essentielle à la compréhension de la discipline elle-même. Pourquoi les humains ont-ils décidé, à un moment (récent) de leur parcours, de conserver la mémoire des événements ? Quelles modifications se sont donc opérées dans l'esprit humain pour qu'une telle évolution puisse se produire ?Enfin, deux millénaires à peine après la naissance de l'histoire en tant que récit particulier, des objections majeures ont été adressées aux postulats qui rendaient possibles ce récit. L'idée de progrès a fini par être considérée comme un mythe, la notion d'événement a été contestée, l'existence d'un point de vue centralisateur a été dénoncée. Tracer les grandes lignes d'une « histoire de l'histoire » s'avère donc nécessaire.

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