ERREUR

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Bertrand SAINT-SERNIN

Source : Universalis Edu - 2017

La définition classique de la vérité et de l'erreur est celle d'Aristote : « Dire de ce qui est qu'il est, ou de ce qui n'est pas qu'il n'est pas, c'est dire vrai ; dire de ce qui n'est pas qu'il est ou de ce qui est qu'il n'est pas, c'est dire faux. » Cet énoncé, parfois jugé trop métaphysique, a retrouvé, dans les années 1930, grâce aux travaux de logiciens tels qu'Alfred Tarski, un regain de crédit sous le nom de conception sémantique de la vérité et de l'erreur.Toutefois, définir simultanément et symétriquement la vérité et l'erreur est une source de méprise : en effet, il y a entre ces deux notions de profondes différences. On peut, en soumettant à l'expérience, par exemple, une conjecture, la réfuter et établir qu'elle est fausse, sans être pour autant en mesure de lui substituer une autre hypothèse dont on pourrait établir qu'elle est vraie.Il ne peut y avoir erreur que là où il y a prétention à la vérité. Si nous ne cherchions pas la vérité, nous ne nous soucierions pas de nos erreurs. Or, puisque toute connaissance débute avec l'expérience, même si elle ne se réduit pas à elle, la réflexion sur l'erreur doit comporter deux types d'interrogations : à quelles conditions la connaissance sensible – ou perception – est-elle fiable ? à quelles conditions le savoir scientifique – expérimental et théorique – est-il, lui aussi, testable et fiable ?Le lieu privilégié de l'erreur est la science. L'erreur n'est pas dans l'activité scientifique un accident que plus d'attention ou de soin permettrait d'éliminer. Elle est première et la vérité dans la science est toujours « erreur rectifiée », selon Gaston Bachelard.

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