Les élites françaises entre 1940 et 1944 : de la collaboration avec l'Allemagne à l'alliance américaine / Annie Lacroix-Riz

Livre

Lacroix-Riz, Annie. Auteur

Edité par Armand Colin. Paris - 2016

Les classes dirigeantes françaises, confrontées à un peuple jugé trop rétif, ont pris au 19e siècle l'habitude de s'appuyer sur des homologues étrangères, plus puissantes et plus sSres d'elles. Au siècle suivant, elles ont opté tour à tour ou conjointement pour leurs partenaires d'Allemagne et des Etats-Unis. A l'été 1940, au terme d'une décennie de crise, triompha avec Vichy le tutorat allemand qu'elles avaient mSrement préparé. C'est leur "Collaboration" politico-policière avec le Reich vainqueur, règlement de comptes contre une partie importante de la population, qui est étudiée ici : cette alliance, toujours mortifère, ne se bornait pas à ceux qui occupent en général le devant de la scène, les spécialistes étatiques de la répression, les hommes de main ou les collaborationnistes de plume toujours associés aux crimes. L'attachement durable des classes dirigeantes françaises au tuteur allemand et au tandem Laval-Pétain, qu'elles avaient choisi dès 1934, se prolongea souvent jusqu'à la libération de Paris. Il n'affecta cependant ni l'excellence de leur information ni leur extrême sensibilité au rapport de forces militaires, qui balaya dès l'été 1941, avec la mort du Blitzkrieg à l'Est, leur certitude initiale d'une victoire allemande durable sur le continent européen. Cette réalité dicta leur ralliement à la Pax Americana, du grand capital financier aux chefs militaires et au haut clergé, ralliement aussi spectaculaire qu'ignoré des foules : endosser "les habits neufs de la collaboration" permettrait de maintenir intact le statu quo. L'objectif semblait à portée de main quand les Américains promurent, en débarquant en Afrique du Nord en novembre 1942, leurs protégés Darlan et Giraud. D'ordinaire simple formalité pour le capital financier, la question du pouvoir politique pour l'après-Libération se transforma pourtant en brSlot. De Gaulle n'aimait pas la tutelle américaine plus que l'allemande et n'était pas disposé à céder l'Empire : élites françaises et Américains le détestèrent en choeur bien qu'il n'eSt jamais été un modèle de subversion et fSt entouré dès l'origine de "gens très bien". Comme il était soutenu par le peuple français, très au-delà de sa mouvance, décideurs français et américains durent, à contre-coeur, s'en accommoder...

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Biographie

Annie Lacroix-Riz (/ani lakʁwa.ʁis/), née Riz en 1947, est une historienne marxiste française. Ancienne élève de l'École normale supérieure de jeunes filles, élève de Pierre Vilar, elle est professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université Paris VII - Denis Diderot. Ses travaux portent sur l'histoire politique, économique et sociale de la Troisième République et du régime de Vichy, sur la collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale, sur les relations entre le Vatican et l'Allemagne nazie, ainsi que sur la stratégie des élites politiques et économiques françaises avant et après le conflit mondial. Elle s'est également intéressée au Plan Marshall et aux origines de l'Union européenne. En tant qu'enseignante, elle émet des critiques sur l'état de l'historiographie en France. Ses publications sur les années 1930 et sur la période 1939-1945, au sujet notamment de l'influence des grands intérêts financiers et industriels, ont suscité des lectures critiques contrastées. L'ampleur de sa documentation et son recours systématique aux archives sont relevés. En revanche, plusieurs historiens contemporanéistes ainsi que le site Conspiracy Watch remettent en cause sa méthodologie historique en lui reprochant d'appliquer une grille de lecture qui subordonne la déduction à ses convictions idéologiques, notamment son parti pris anticapitaliste, sa négation du caractère intentionnel de l’Holodomor et sa croyance en la théorie du complot de la « Synarchie ». Avec d’autres enseignants, elle est membre fondatrice en 2004 du mouvement Pôle de renaissance communiste en France (PRCF) d'obédience marxiste-léniniste.