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HÉMISPHÈRES CÉRÉBRAUX
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Edité par Encyclopædia Universalis - 2009
Bien des siècles avant l'Antiquité classique, on admettait déjà un étroit rapport entre les hémisphères cérébraux et les fonctions mentales supérieures : sensation consciente, motricité volontaire, mémoire, etc. Les anciens auteurs ont abondamment spéculé sur la région des hémisphères où pouvaient résider ces facultés généralement désignées par le terme global d'âme ou de psyché. Les uns les plaçaient dans les cavités cérébrales que nous appelons aujourd'hui ventricules, d'autres suggéraient des localisations diverses et plus précises. Dès le XVIIe siècle cependant, T. Willis (1621-1675) et R. Vieussens (1641-1715), à la suite de quelques expériences encore très grossières, retiraient aux ventricules leur rôle de siège de la conscience et liaient celle-ci à la substance cérébrale. Willis en particulier, tout en fournissant l'essentiel de la description anatomique du cerveau et de son irrigation, affirmait déjà que ce dernier renfermait les centres responsables de la motricité volontaire, tandis qu'il attribuait au cervelet le contrôle de la motricité involontaire. Il est remarquable que cette distinction ait été largement confirmée, au moins dans son principe, par les travaux ultérieurs.Dans le courant du XIXesiècle, neurologues et physiologistes suggéraient que telle ou telle région cérébrale, et en particulier corticale, était reliée à une fonction spécialisée. Cette conception d'une grande originalité était essentiellement due au neurologue français P. Broca (1824-1880). Celui-ci, en 1861, rattachait en effet un phénomène pathologique, la perte de l'expression verbale (qu'il appelait « aphémie »), à des lésions ultérieurement observées à l'autopsie dans une région limitée de l'hémisphère cérébral gauche. Une dizaine d'années plus tard, G. Fritsch et E. Hitzig (1870), puis D. Ferrier (1873) apportaient une donnée expérimentale essentielle en montrant que la stimulation de certaines régions de la surface du cerveau entraînait la production de mouvements localisés à la tête ou à un segment de membre déterminé. Jusqu'à une époque relativement récente, nos conceptions sur le rôle des hémisphères cérébraux ont reposé pour l'essentiel sur ces deux types de méthodes : l'établissement de corrélations anatomo-cliniques et les résultats fournis par la stimulation.Dans la mesure où les travaux des physiologistes et des neurologues semblent indiquer que l'ensemble du manteau cortical ne possède pas en tous points les mêmes propriétés, on s'est tout naturellement efforcé de rechercher si l'on ne pourrait trouver un support à des responsabilités fonctionnelles distinctes dans des différenciations structurales locales. Ainsi s'est développée toute une série d'études anatomiques et histologiques de plus en plus fines visant à diviser, à morceler l'étendue du cortex en aires ou en champs, différant les uns des autres par de petites particularités auxquelles se rattacheraient des rôles physiologiques bien définis.Les anatomistes et histologistes du début du siècle ont consacré beaucoup de travaux à cette étude, faisant porter leurs efforts tantôt sur la répartition, le type, les dimensions du corps des cellules nerveuses corticales (cytoarchitectonie), tantôt sur la disposition et l'importance de leurs prolongements (myéloarchitectonie). Dès 1840, le neurologue français J. G. F. Baillarger avait montré qu'en plaçant une tranche fine de cortex cérébral entre deux lames de verre on pouvait y reconnaître sans autre préparation, et aidé seulement d'une loupe, une série de couches alternativement plus foncées et plus claires. Il avait noté ainsi que leurs largeurs respectives différaient de façon notable suivant la portion des hémisphères à laquelle on avait emprunté la tranche de cortex. Les travaux de très nombreux histologistes, et en particulier de O. Vogt, A. W. Campbell, K. Brodmann, C. von Economo, S. Ramón y Cajal, allaient apporter des précisions très importantes quant à la structure générale du néocortex et à ses différences régionales, aboutissant même, en ce qui concerne ce dernier point, à un certain excès dans la parcellation. K. Brodmann, par exemple (1909), reconnaissait quarante-cinq régions distinctes par de petites différences cytoarchitectoniques.Depuis cette époque, et en particulier depuis les années 1960, l'apparition et le développement de nouvelles méthodes et techniques histochimiques, histo-enzymologiques et neurophysiologiques ont, dans une certaine mesure, simplifié cette cartographie. Cependant, il est remarquable d'observer que ses grands traits ne s'en sont pas trouvés modifiés.
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