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PHILIPPE II D'ESPAGNE (1527-1598)
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Edité par Encyclopædia Universalis - 2009
Si Charles Quint jouit auprès des historiens d'une réputation flatteuse, Philippe II reste un des personnages les plus discutés des Temps modernes. Pourtant jamais fils ne fut plus soucieux de continuer l'œuvre de son père, de rester fidèle à ses instructions.Cependant les temps avaient changé. Alors que l'empereur avait longtemps espéré une réconciliation des chrétiens, désormais l'entente n'était plus possible entre catholiques et protestants. De là l'accusation de fanatisme souvent portée contre Philippe II. Mais, à quelques exceptions près, on pourrait le dire de la plupart des hommes d'État de la seconde moitié du XVIe siècle. Peu différent de ses contemporains, le roi d'Espagne était profondément religieux, sûr de son bon droit et enclin à la rigueur.Les principaux traits de sa personnalité furent une grande puissance de travail au service d'une intelligence moyenne, une réelle timidité et le goût de la solitude. Bien différent en cela de Charles Quint, il se comporta en véritable Ibérique, ne parlant que le castillan et le portugais, et il ne quitta plus la Péninsule après 1559. Débarrassé du titre impérial et du guêpier allemand, maître après 1581 de deux empires coloniaux, il fut en réalité plus puissant que son père.Il n'aimait pas la guerre, mais se laissa entraîner dans trop de conflits, en Méditerranée contre les Turcs, dans l'Atlantique contre l'Angleterre, en France contre les partisans d'Henri IV. La révolte des Pays-Bas fut la plaie inguérissable du règne. Les nécessités de la guerre obligèrent Philippe II à tripler les charges financières de la Castille. Est-ce là l'origine de la décadence ? En partie sans doute. Des recherches récentes donnent à penser que les épidémies de la fin du XVIe siècle et du XVIIe siècle y ont contribué tout autant.