0 avis
COMMUNISME - Mouvement communiste et question nationale
Article
Edité par Encyclopædia Universalis - 2009
C'est en Europe centrale que le problème national s'est posé avec le plus d'acuité au mouvement ouvrier et marxiste au XIXeet au début du XXe siècle. S'il est au centre des débats à l'issue de la révolution de 1905, qui fut le théâtre privilégié du soulèvement national dans l'Empire du tsar, le problème national est toutefois relativement peu théorisé par les grandes figures du marxisme russe et européen. Le problème national ne leur paraît pas déterminant dans le processus révolutionnaire, même s'il est parfois l'élément central de la stratégie révolutionnaire des partis ouvriers. Ainsi Lénine concédait-il à la décharge de l'internationalisme farouche de Rosa Luxemburg, hostile à l'autodétermination de la Pologne, qu'il lui semblait « tout naturel que la lutte contre la petite bourgeoisie polonaise aveuglée par le nationalisme ait contraint les sociaux-démocrates polonais à forcer la note avec un zèle particulier ». Pour le marxisme, le problème national est donc plus instrumental que fondamental, l'avènement du socialisme étant de nature à lui donner une solution définitive. Cette distinction de principe fonde l'ambiguïté apparente des bolcheviks et des communistes après leur accession au pouvoir : ils font du problème national un instrument privilégié de la consolidation de leur autorité tout en le proclamant définitivement résolu par l'établissement des régimes socialistes. Dans les années 1980 toutefois, les autorités soviétiques et est-européennes reconnaissaient la persistance, voire l'aggravation du problème national dans les pays socialistes et examinaient à nouveau les fondements de leur politique et de l'organisation de l'État dans ce domaine.