APOCALYPSE DE JEAN

Article

Jean HADOT

Edité par Encyclopædia Universalis - 2009

L'Apocalypse de Jean est le dernier des livres du Nouveau Testament. Parmi cet ensemble d'ouvrages considérés comme « canoniques » par l'Église chrétienne, elle apparaît comme un bloc erratique.Le contraste est d'abord dans la forme. À côté des Évangiles, des Actes des Apôtres et des Épîtres, elle représente un genre littéraire absolument différent. Le caractère étrange des visions qu'elle contient, le symbolisme poussé, parfois même incohérent, qui les exprime, l'allure dramatique des scènes grandioses qui sont évoquées, contribuent à faire de cet ouvrage une véritable énigme.Cet aspect mystérieux est encore renforcé par le contraste doctrinal qui se manifeste entre le contenu de l'Apocalypse et le reste du Nouveau Testament. Bien qu'on puisse discerner certains liens étroits avec d'autres écrits canoniques, spécialement avec l'Épître aux Hébreux, la comparaison avec les Évangiles fait apparaître une différence fondamentale. L'aspect « historique » du message chrétien est ici presque entièrement passé sous silence. La seule allusion à un fait de la VIe de Jésus se trouve au verset 8 du chapitre xi, qui dit, à propos de Jérusalem : « C'est là où leur Seigneur lui aussi fut crucifié. » Mais il semble, de l'avis même de plusieurs auteurs catholiques, qu'on soit ici en présence d'une glose. En revanche, le contenu « théologique » du message de l'Apocalypse est extrêmement riche dans les domaines où celui des Évangiles est particulièrement sobre. C'est le cas de l'eschatologie, c'est-à-dire de la doctrine sur la fin des temps, qui occupe ici une place primordiale.Enfin l'Apocalypse de Jean a proposé à l'inspiration des artistes une extraordinaire richesse de thèmes religieux, dont le symbolisme, déjà merveilleusement évoqué, ouvre à l'imagination des perspectives sans bornes. Les grandes scènes, les figures énigmatiques dont l'ouvrage est rempli constituent autant de sujets dont les lignes, et parfois même les couleurs, déjà si nettes et si contrastées, ne pouvaient laisser indifférente la sensibilité artistique. Quoi de plus évocateur que le Livre aux sept sceaux, la Liturgie céleste, les Quatre Cavaliers, la Femme céleste et son enfant, la Grande Prostituée, les Bêtes de la terre et de la mer, la chute de Babylone ?

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