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DIGESTIF APPAREIL
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Edité par Encyclopædia Universalis - 2017
L'appareil digestif est l'un des premiers à se différencier dans l'échelle animale puisqu'il existe déjà, sous forme d'un sac s'ouvrant à l'orifice buccal, chez les Cœlentérés. C'est aussi l'un des appareils dont la différenciation est la plus précoce au cours du développement d'un organisme, puisqu'il dérive de l'un des deux feuillets primitifs de l'embryon ; ce feuillet, nommé endoderme, apparaît en dedans de l'ébauche embryonnaire, évoquant ainsi une sorte de tube digestif primordial.Par ailleurs, dans toute la série animale, les caractères anatomiques et fonctionnels de l'appareil digestif sont suffisamment constants pour que son identification, lors d'une dissection, ne présente jamais de difficultés. La paroi digestive assez mince, à certains niveaux, pour permettre l'absorption des substances ingérées, présente des glandes productrices d'enzymes qui hydrolysent les constituants alimentaires chimiquement complexes ; des fibres musculaires lisses incluses dans cette paroi assurent le brassage des aliments et des sucs digestifs. Une telle stabilité dans la structure et les fonctions d'un appareil est un fait remarquable.L'évolution n'a pas manqué cependant d'apporter sur le plan immuable de l'appareil digestif des retouches et des variantes de détail d'une infinie complexité. Qu'il s'agisse des modifications du dispositif buccal (prodigieusement varié déjà chez les Insectes), qu'il s'agisse des modifications de l'équipement enzymatique, qu'il s'agisse de subtilités anatomiques (gésier des oiseaux, panse des ruminants), tout concourt, toujours et partout, à assurer au mieux l'adaptation de l'organisme à son régime alimentaire, comme on le vérifiera aisément en consultant les articles de zoologie.Au total, l'appareil digestif humain, qui sera pris ci-après en exemple, apparaît comme un type relativement archaïque, simple et peu spécialisé, qui correspond à un régime omnivore assez banal. Mais sa rusticité ne le garantit pas des inconvénients de l'hominisation : c'est le type même des appareils dont la pathologie est très largement d'origine psychosomatique.En contrepartie, sa robustesse a autorisé les éclatants succès de la chirurgie des organes mous que renferme la cavité abdominale. Celle-ci laisse aujourd'hui facilement accéder les instruments, peu traumatisants, de la cœliochirurgie.Quotidiennement, l'appareil digestif, pièce centrale de la VIe végétative, subit les pulsions alimentaires que gèrent les centres régulateurs de la base du cerveau (cf. alimentation - Prise alimentaire) où interviennent les systèmes de récompense ou d'aversion à partir de signaux physiologiques qui qualifient la faim et la satiété. Parmi ces signaux, le taux de glucose dans le sang (cf. glycémie) joue un rôle majeur. Ce sucre est, pour les tissus de l'organisme, la source énergétique principale et il est vital que son taux sanguin soit maintenu constant, quelle que soit l'activité pratiquée. C'est pourquoi les réserves glucidiques du muscle ou du foie vont suppléer à la discontinuité de l'apport alimentaire en glucides : la constitution de telles réserves par le foie (fonction glycogénique) a été théorisée par Claude Bernard dès 1848, dans le cadre de ses recherches sur l'utilisation des aliments. Puis Frederick Banting et Charles Best découvrirent en 1921 que le pancréas produisait un stimulateur chimique de la consommation du glucose par les tissus, l'insuline : sécrétée au niveau des îlots de Langerhans pancréatiques, cette dernière, après avoir diffusé dans le sang, agit en tous points de l'organisme. L'insuline langerhansienne est donc une hormone. Sa sécrétion est fonction de la quantité de glucose dans le sang. Mais les tissus consomment aussi, en dégradant le glucose, l'oxygène nécessaire à la charge énergétique dont ils ont besoin (sous forme d'adénosine triphosphate, autrement dit ATP), et c'est une autre hormone, d'origine thyroïdienne, la thyroxine, qui contrôle l'activité respiratoire dont les tissus, au cours de leur nutrition, sont le siège. D'autres systèmes hormonaux interviennent aussi dans les situations de stress (cf. homéostasie). L'appareil digestif, incluant le foie et le pancréas, est donc au cœur de la fonction nutritionnelle, contrôlant aussi l'absorption du fer nécessaire à la formation des globules rouges et le traitement des produits lipidiques, comme le cholestérol. Il exerce en outre une fonction de rejet des matériaux qui ont résisté à la digestion ainsi que des résidus du métabolisme des corps gras que sont les sels d'acide biliaires : c'est le rôle excréteur, tout aussi utile à l'organisme que les autres fonctions de l'appareil digestif.La complexité de ce système est en définitive telle qu'il est indispensable de scinder son étude en plusieurs parties, consacrées chacune à un organe essentiel, et dans le présent article de se concentrer sur la fonction digestive proprement dite.