PRESSE - Journalisme et journalistes

Article

Dominique MARCHETTI

Edité par Encyclopædia Universalis - 2017

Les historiens du journalisme ont décrit l'émergence et le développement de ce champ de production culturelle à partir de la fin du XIXesiècle. Leurs travaux permettent de saisir la permanence des débats sur la profession de journaliste, sa responsabilité morale et juridique, sa formation, ses « dérives » ainsi que sur les mécanismes de défense que celles-ci suscitent. L'histoire du journalisme français peut se résumer à une lutte pour conquérir une relative autonomie professionnelle par rapport à d'autres espaces sociaux, notamment politique et économique. Cette prétention à incarner un « quatrième pouvoir » a non seulement toujours donné lieu à des polémiques, tout particulièrement fortes lors de l'apparition de nouveaux genres ou supports d'information comme le montre encore l'exemple récent d'Internet, mais aussi à l'occasion des périodes de guerre, voire d'affaires et de scandales.C'est entre 1880 et le premier conflit mondial que le journalisme s'est progressivement constitué comme un univers professionnel relativement autonome. La loi de 1881 est une première étape au sens où, selon Christian Delporte, elle « révèle et contribue à définir une partie essentielle des référents culturels et identitaires de la profession », sur laquelle vont s'appuyer les journalistes pour s'affranchir un peu plus du contrôle politique. Le développement d'un marché dominé, non plus par la presse d'opinion et littéraire en déclin mais par la presse populaire en pleine expansion, favorise cette prise de distance. La presse grand public fait émerger l'information et le reportage, c'est-à-dire de nouveaux contenus et de nouvelles pratiques, qui restent cependant marqués en France par une forte tradition littéraire et politique.L'autonomie relative du journalisme se construit également à travers les luttes sur la définition du métier et de ses frontières. L'activité journalistique s'impose progressivement à partir de 1870-1880 comme un travail à part entière, c'est-à-dire qu'il ne concerne plus quelques « amateurs éclairés » pour lesquels il n'était qu'un tremplin vers la littérature, le pouvoir ou l'administration. L'entre-deux-guerres est aussi décisive dans la construction et la reconnaissance de la profession avec la mise en place du syndicat des journalistes (1918), à l'origine du statut de 1935. Ce dernier prévoit notamment deux dispositions importantes, qui subsistent aujourd'hui : la clause de conscience permet aux journalistes de quitter leurs entreprises avec des indemnités en cas de changement de ligne éditoriale ; l'instauration d'une carte d'identité professionnelle, délivrée par une commission ad hoc. Pour autant, l'échec des projets de constitution d'un ordre des journalistes montre que la régulation interne des pratiques et des discours reste très lâche. Le mouvement de professionnalisation se manifeste enfin, dans l'entre-deux-guerres, par la confirmation du succès de la « presse d'information » sur la « presse partisane » et le renforcement du reporter comme modèle d'excellence professionnelle. La synthèse proposée ici vise à restituer cette histoire et à expliquer les transformations du journalisme français depuis le deuxième conflit mondial.

Consulter en ligne

Suggestions

Du même auteur

PRESSE - Journalisme et journalistes | Dominique MARCHETTI

PRESSE - Journalisme et journalistes

Article | UNIVERSALIS | Dominique MARCHETTI | Universalis Edu | 2018

Les historiens du journalisme ont décrit l'émergence et le développement de ce champ de production culturelle à partir de la fin du xixe siècle. Leurs travaux permettent de saisir la permanence des débats sur la profession de...

PRESSE - Les différentes formes de presse | Dominique MARCHETTI

PRESSE - Les différentes formes de presse

Article | UNIVERSALIS | Dominique MARCHETTI | Universalis Edu | 2018

En 2012, la presse française est diffusée à 4,86 milliards d'exemplaires annuels répartis entre 4 726 titres. Pour être exhaustif, il faudrait ajouter l'audience de près de 40 000 autres publications (journaux ...

PRESSE - Les différentes formes de presse | Dominique MARCHETTI

PRESSE - Les différentes formes de presse

Article | UNIVERSALIS | Dominique MARCHETTI | Universalis Edu | 2018

En 2014, la presse papier en France était diffusée à 4,33 milliards d'exemplaires répartis entre 4 234 titres. Pour être exhaustif, il faudrait ajouter l'audience de près de 40 000 autres publications (jou...

En savoir plus

Biographie

Edmund Husserl ˈʔɛtmʊnt ˈhʊsɐl, né le 8 avril 1859 à Prossnitz (empire d'Autriche) et mort le 27 avril 1938 à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne nazie), est un philosophe et logicien, autrichien de naissance, puis prussien, fondateur de la phénoménologie, qui eut une influence majeure sur l'ensemble de la philosophie du XXe. Husserl a étudié les mathématiques avec Karl Weierstrass et Leo Königsberger, et la philosophie avec Franz Brentano et Carl Stumpf. Il a enseigné la philosophie comme Privatdozent à l'université Martin-Luther de Halle-Wittemberg à partir de 1887 avant de devenir professeur en 1901 à l'université de Göttingen, puis à partir de 1916 et jusqu'à sa retraite en 1928 à l'université Albert Ludwig de Fribourg. Il est demeuré actif et productif jusqu'à sa mort en 1938. Ses archives sont conservées à l'Institut supérieur de philosophie de l'université catholique de Louvain. Dans ses premiers travaux, il essaye de combiner les mathématiques, la psychologie et la philosophie de façon à fonder les mathématiques. Il analyse le processus psychologique nécessaire au concept de nombre et essaie sur cette base de bâtir une théorie systématique. La pensée de Karl Weierstrass lui permet de soutenir l'idée que nous générons le concept de nombre en comptant une certaine collection d'objets. Il reprend à Brentano et à Stumpf la distinction propre/impropre : l'observateur se fait une représentation propre de l'objet s'il est physiquement présent devant lui et impropre (ou symbolique) dans les cas où l'objet est représenté par des signes et des symboles. Dans sa première œuvre majeure, Recherches logiques (1900-1901), il rompt avec le psychologisme et fonde la phénoménologie comme science destinée à supplanter les sciences de la nature qu'il juge inaptes à élucider le rapport de l'homme au monde{{sfn|Housset 2000|p=14}}. Deux autres œuvres majeures suivront : Idées I (1913) et Krisis (1936).