POLITIQUES DE L' ÉNERGIE

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Jean-Marie CHEVALIER

Edité par Encyclopædia Universalis - 2014

Les flux d'énergie alimentent en permanence les systèmes économiques modernes et toute rupture d'approvisionnement de ces flux peut avoir des effets lourds de conséquences. L'énergie a ainsi plusieurs composantes : économique (le fonctionnement en continu de l'économie, les prix, les taxes, la compétitivité), politique (la sécurité, l'indépendance), militaire (l'approvisionnement des armées), diplomatique (les relations avec les fournisseurs) et sociale (les inégalités, les conflits, les grèves). Le caractère fondamentalement stratégique de l'énergie justifie la mise en place d'une politique énergétique.La politique énergétique répond d'abord à des considérations nationales, mais elle intègre depuis longtemps des dimensions internationales. Rappelons un fait historique marquant : en 1911, Winston Churchill, alors premier lord de l'Amirauté, prend la décision de faire passer la British Navy du charbon au fuel, cela pour gagner en vitesse sur la flotte allemande. La décision est lourde de conséquences, puisque c'est un combustible importé de la raffinerie d'Abadan, au fin fond du golfe Persique, qui remplace le charbon du pays de Galles. Depuis lors, la dépendance de très nombreux pays vis-à-vis du marché international du pétrole s'est considérablement accentuée.La Première Guerre mondiale a consacré le pétrole comme une fourniture militaire éminemment stratégique pour la marine, l'aviation, les chars, le transport des troupes et du matériel. C'est au cours de cette guerre que les moteurs remplacent les chevaux. Les grandes puissances ne sont pas dotées de la même façon en pétrole. Les États-Unis, la Russie sont des producteurs majeurs ; la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, le Japon sont tributaires de leurs importations. La sécurité des approvisionnements pétroliers devient la priorité de la politique énergétique. Un peu plus tard, à partir des années 1950, le développement de l'énergie nucléaire s'impose comme une nouvelle priorité, d'abord pour accéder à l'arme atomique, mais aussi pour disposer d'une énergie nationale bon marché et diminuer la dépendance vis-à-vis du pétrole.Depuis quelques années, une autre contrainte extérieure doit être prise en compte dans la définition des politiques énergétiques : le réchauffement climatique. Le rapport de l'économiste anglais Nicholas Stern, ceux de l'Agence internationale de l'énergie (A.I.E) et du Groupe d'experts intergouvernemental sur le changement climatique (G.I.E.C.) ont bien montré que le phénomène était scientifiquement avéré, que ses conséquences pourraient être dramatiques, qu'il était urgent d'agir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Certains pays en subissent déjà les effets et plusieurs ont décidé de s'engager volontairement dans des politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre. C'est là un des enjeux majeurs de ce siècle. Les vieux pays industriels sont responsables de la concentration actuelle des gaz à effet de serre. Les pays émergents refusent de faire les frais de cet état de fait en limitant leurs émissions actuelles et futures, c'est-à-dire en bridant leurs propres aspirations au développement économique. Ce nouvel élément tend à bouleverser la problématique des politiques énergétiques, puisque le champ naturel de ces dernières concerne l'intérêt de telle ou telle nation, alors que le changement climatique est un problème global qui appelle une action de même nature, et concertée. Certains pays, dont beaucoup en Europe, se sont engagés dans une transition où sont privilégiées des filières énergétiques sobres en carbone. En dépit d'une absence de consensus international sur la manière d'affronter le défi, tous les grands acteurs mondiaux prennent des options en ce sens de façon plus ou moins volontariste.Ainsi, une politique énergétique est d'abord fondée sur les spécificités d'un État. Quatre composantes, plus ou moins marquées selon les cas nationaux, peuvent être distinguées à cet égard : une dimension institutionnelle, une action sur l'offre d'énergie, une action sur la demande et une action internationale. Quatre exemples nationaux significatifs permettent d'illustrer différents aspects de ces considérations générales : celui de la France, qui a développé une politique très volontariste de l'offre nucléaire, peu émettrice de CO2 ; celui des États-Unis, pays imprégné par la culture du transport automobile et aérien et soucieux de la contrainte croissante des importations pétrolières et gazières, qui est en passe de redevenir quasi indépendant énergétiquement ; celui du Brésil, qui cherche en priorité à développer ses ressources renouvelables nationales (hydraulique, éthanol), tout en étant devenu une puissance pétrolière ; celui du Maroc, pays en développement totalement dépendant de ses importations énergétiques et du coût que représente la facture pétrolière. Le cas de la volontariste, mais difficile élaboration d'une politique énergétique européenne, pour laquelle l'action internationale peut constituer un moteur, complétera le tableau.

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