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RÉUSSITE SOCIALE
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Edité par Encyclopædia Universalis - 2017
Comment la société désigne-t-elle les hommes chargés d'assumer les responsabilités nécessaires à son fonctionnement ? Comment les reconnaître, les préparer ou les mettre à l'épreuve ? Ces questions se sont toujours posées aux individus soucieux de satisfaire leurs aspirations comme à la collectivité en vue de l'intérêt général. Le droit divin, le système des castes ou des ordres, les avantages conférés par la naissance ont représenté des réponses que n'accepte plus la conscience moderne. Les privilèges ont été abolis, comme l'hérédité des charges, et même, certaines fois, l'héritage de la propriété. De plus ou moins fermée qu'elle était, la société s'est ouverte à de larges courants de mobilité, géographique et sociale. Aucune barrière institutionnelle ne sépare un groupe d'un autre, et rien n'interdit à quiconque de faire la preuve de sa valeur et d'en recevoir le prix : des systèmes spécifiques, sous forme d'examens ou de concours, assortis de diplômes, ont été mis en place pour s'assurer des aptitudes de chacun. L'accès aux fonctions les plus importantes, assurant prestige, richesse ou pouvoir, est, en principe, ouvert à tous, sans distinction.Cependant, égaux en droit, les hommes ne le sont pas toujours en fait. Du moins l'égalité des chances ne paraît pas réalisée, malgré quelques exemples d'ascension sociale spectaculaire, allégués avec d'autant plus de complaisance qu'ils sont plus exceptionnels. La position de chacun dépend encore, dans une large mesure, de la position occupée par ses parents. Les chances de réussite ne sont pas également réparties entre tous. Il en résulte une double inquiétude. Si l'organisation sociale ne permet pas à tous de manifester leurs aptitudes, elle entretient des germes graves de frustrations et de tensions. Elle risque en outre de laisser dans l'ombre des hommes qui rendraient les meilleurs services. Ni l'efficacité ni la justice ne trouvent leur compte dans cet état de fait. Si telle est bien la situation, près de deux siècles après la promulgation de la Déclaration des droits de l'homme, il y a lieu d'en comprendre les raisons. Faut-il la considérer sans issue, ou des remèdes ne pourraient-ils être trouvés, susceptibles au moins d'atténuer ses conséquences ? Les principes démocratiques seraient-ils un mirage, ou un idéal, qui s'éloigne à mesure qu'on s'en approche ?