THOMISME

Article

Édouard-Henri WÉBER

Edité par Encyclopædia Universalis - 2009

Corps doctrinal à la fois philosophique et théologique que caractérisent une forte cohérence et des perspectives critiques, le thomisme s'est rapidement imposé à l'attention. Du vivant même de son auteur, l'accueil et les oppositions ne lui ont pas manqué. Le thomisme est pourtant une entreprise irénique par son double souci de rejeter le dogmatisme hors du domaine où règne la raison et de présenter sur les problèmes de la philosophie et de la théologie une vue austère peut-être, mais toujours faite de haute intelligence. La canonisation qui en 1323 inscrit Thomas d'Aquin au nombre des saints, la proclamation au XVIe siècle de son titre de docteur de l'Église, l'appel à son nom à la fin du XIXesiècle pour restaurer l'enseignement de la philosophie dans les institutions ecclésiastiques ont entretenu la persuasion que le thomisme est une doctrine bien élucidée et que les affirmations des théologiens ou de tel porte-parole dans l'Église romaine en représentent l'authentique traduction. Mais c'est là profonde illusion.Par suite de ses nouveautés, le plus souvent minimisées par son auteur lui-même, du fait aussi de son élévation intellectuelle et de son accès difficile, la pensée thomiste a été d'emblée l'objet d'interprétations divergentes et même de méprises considérables. Faute de méthode historique – dont l'idée et les normes n'ont que récemment pu recevoir leur formulation –, les façons académiquement admises de lire ces textes que Thomas avait parés d'une limpidité qui a donné le change sont souvent restées partielles ou gauchies selon le goût de l'époque. Aujourd'hui mieux que jamais, on mesure l'écart qui sépare la pensée génuine de Thomas et une foule d'ouvrages placés sous son patronage. Il y a donc deux thomismes : celui de Thomas et celui de la tradition subséquente qui, si elle se réclame du premier et prétend le développer, est affecté d'altérations surprenantes.

Consulter en ligne

Suggestions

Du même auteur

ALBERT LE GRAND (1193?-1280) | Édouard-Henri WÉBER

ALBERT LE GRAND (1193?-1280)

Article | UNIVERSALIS | Édouard-Henri WÉBER | Universalis Edu | 2017

Dominicain, maître de l'université de Paris (d'où son nom de « Maître Albert »), évêque, savant, philosophe et théologien célèbre du xiiie siècle, Albert a, de son vivant, joui du titre de « Grand » et, pa...

GUILLAUME DE MOERBECKE (1215-1286) | Édouard-Henri WÉBER

GUILLAUME DE MOERBECKE (1215-1286)

Article | UNIVERSALIS | Édouard-Henri WÉBER | Universalis Edu | 2017

Après avoir séjourné à Nicée, à Thèbes (en 1260) et à Corinthe, Guillaume, dominicain flamand, est nommé pénitencier à la curie papale, à Viterbe, où il a accès au fonds grec provenant de Palerme et où le rejoint, en 1267, son con...

SIGER DE BRABANT (entre 1235 et 1240-entre 1281 et 1284) | Édouard-Henri WÉBER

SIGER DE BRABANT (entre 1235 et 1240-entre 12...

Article | UNIVERSALIS | Édouard-Henri WÉBER | Universalis Edu | 2017

Maître de la faculté des arts (lettres et philosophie) de Paris dans la seconde moitié du xiiie siècle. Né en Brabant (wallon sans doute), il devient chanoine de Saint-Paul à Liège. Après avoir étudié dès 1255 à Paris, où il ...