CINÉMA (Aspects généraux) - Les cinémathèques

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Jean-Pierre JEANCOLAS

Source : Universalis Edu - 2017

Le terme de cinémathèque est apparu au milieu des années 1930. Depuis, il n'a cessé de se brouiller. Dans les premières décennies du septième art, né comme spectacle à la fin de 1895, identifié comme art autour de 1910, la proposition de faire du cinéma un objet de collection ne pouvait que relever du non-sens. Lorsqu'il a conquis son premier public, le plus souvent sur les champs de foire du tournant du siècle, puis dix ans plus tard dans les premières salles, habillées d'or et de velours comme les théâtres bourgeois, ancrées au long des boulevards des métropoles, le cinéma était pour le plus grand nombre au mieux une machine à rêves, et pour beaucoup de beaux esprits le « divertissement d'ilotes » stigmatisé par Georges Duhamel. Antoine Lumière, le père des inventeurs, et en quelque sorte le grand-père du cinématographe né à Lyon dans la rue qui s'appelle aujourd'hui rue du Premier-Film, n'était pas loin de penser la même chose. De la machine mise au point par ses fils il disait : « Elle peut être exploitée quelque temps comme une curiosité scientifique, en dehors de cela elle n'a aucun avenir commercial. » Ce n'est qu'avec les années 1930, et après la première rupture que fut l'arrivée du parlant, que le cinéma commença à se penser comme histoire, ressentant par là même la nécessité de constituer sa propre archive.

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