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DOMESTICATION
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Source : Universalis Edu - 2017
Alors qu'ils s'entichent d'animaux de compagnie et de plantes ornementales, les citadins ont aujourd'hui presque tout oublié de la culture rurale de leurs ancêtres. Il en résulte une grande méconnaissance de la faune et de la flore en général, domestiques en particulier, les « animaux domestiques » étant confondus avec les « animaux de compagnie ». Cela entraîne aussi un rejet diffus et implicite de la domestication, perçue de manière réductrice comme une appropriation et une exploitation illégitimes d'autres êtres vivants par l'homme. C'est oublier que l'apparition de la domestication des plantes et des animaux au Néolithique a marqué, dans l'histoire de l'humanité, un tournant décisif, sur les plans économique, social et culturel. Aujourd'hui, c'est encore grâce à la domestication et à ses prolongements agronomiques et zootechniques que peuvent, tant bien que mal, continuer à se nourrir quelque six milliards d'êtres humains, soit deux cents fois plus qu'au temps des premières domestications. Loin d'être anodine, cette méprise est une manifestation du recul actuel de la culture scientifique et la source d'un nouvel obscurantisme.Les disciplines classiques de l'étude de la domestication – la zootechnie, l'agronomie et l'archéologie – ne sont pas sans responsabilité dans ces égarements car, en se focalisant sur les animaux et les plantes domestiques les mieux caractérisés, ainsi que sur les processus de domestication les mieux situés dans le temps et dans l'espace, elles ont négligé des questions périphériques pourtant riches d'enseignements comme celles des domestications abandonnées, des retours à la vie sauvage (marronnages), des domestications récentes, des disparitions de races d'animaux domestiques, etc. Toutes montrent que la domestication ne va jamais de soi, qu'elle n'est jamais définitivement acquise, pas plus qu'elle n'est évitable, malgré le cortège de problèmes qu'elle suscite.