0 avis
BURGONDES
Article
Edité par Encyclopædia Universalis - 2009
Sans doute originaires de Scandinavie, si l'on en croit les données linguistiques et toponymiques, les Burgondes (du latin Burgundiones) apparaissent dans l'histoire au ier siècle de notre ère. Ils sont alors établis sur les rives polonaises de la mer Baltique où ils séjourneront jusqu'au iiie siècle, avant d'entreprendre une nouvelle migration vers le sud-ouest, qui les conduira aux frontières du monde romain. Associés à une autre « nation » germanique, celle des Alamans, les Burgondes tenteront en vain, peu après 260, de forcer le limes des champs Décumates, ligne fortifiée grâce à laquelle l'autorité romaine avait pu réduire la saillie délimitée par le Rhin et le Danube supérieurs, qui avait été longtemps un coin enfoncé dans l'Empire. Cet échec stabilisera pour un siècle et demi les Burgondes, installés entre les monts de Thuringe et le Jura souabe où ils seront en contact avec la civilisation romaine toute proche. Lors de la grande invasion de 406, provoquée par l'arrivée des Huns en Occident, ils profitent des troubles pour pénétrer dans l'Empire et constituer sur le Rhin moyen un royaume dont la capitale fut peut-être Worms. Cette mainmise sur des terres d'Empire fut entérinée par Rome sur la base d'un traité (foedus) qui faisait de ce peuple germanique son allié militaire (foederati = fédérés). Ce royaume, assez mal connu, fut éphémère car les Huns l'anéantirent en 436 à la demande du « maître de la milice », le Romain Aetius, qui craignait une expansion territoriale burgonde vers la Belgique : le souvenir de ces événements, au cours desquels une partie de la famille royale (dont le roi Guntiarius) et de l'aristocratie burgondes périt, est à l'origine de la célèbre légende des Nibelungen. Les survivants furent « déplacés » vers le sud et fixés en Sapaudia (Suisse romande et Jura français) où un nouveau foedus leur fut accordé en 443, leur donnant pour mission de contenir la poussée alémanique. La renaissance de la nation burgonde fut rapide et spectaculaire. Après avoir servi loyalement l'autorité romaine (luttes contre les Huns, puis contre les Suèves d'Espagne), les Burgondes, forts de leur puissance militaire, entreprirent une remarquable expansion territoriale, leur royaume s'étendant à la fin du Vesiècle du plateau de Langres à la Durance et du Massif central aux Alpes, avec Lyon et Genève pour capitales. Bien qu'ayant connu une brillante civilisation germano-romaine, ce nouveau royaume burgonde ne put résister longtemps à la poussée franque et il s'effondra militairement en 533-534, après quatre-vingt-dix ans seulement d'existence. Les causes de cet échec sont multiples, la plus importante ayant été sans doute le fait que les Burgondes demeurèrent une minorité qui, de plus, était adepte de l'arianisme (depuis le Vesiècle, à l'époque du royaume de Worms). Des luttes fratricides au sein de la famille royale, notamment quand certains de ses membres se convertirent au christianisme, favorisèrent également les projets des fils de Clovis. Désormais, l'histoire du peuple burgonde, passé sous la domination franque, allait se confondre pour un siècle avec celle de la Gaule mérovingienne.